amour-passion-desir-et-poesie

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FLEUR DE PEINTRE

FLEUR DE PEINTRE

 

 

Et tu demeures en ma mémoire, voluptueuse, celle de ma maturité, cette éprouvée solitude de mon corps appelant, si vive plénitude bramant ce doute de mon âme, celui de mon esprit conquis en cette ivresse irraisonnée de mon cœur qui s’oublie, en ses vapeurs de narguilé. T’aurais-je donc rêvé ?

 

Mirage, écho de l’erg, Toi ! Paraître si réelle et si près à la fois, mais demeurant si loin... de moi, de mon Désir déesse inaccessible telle chimère où je me perds ! Être sans être, vivre à demi, virtuel sentiment qui peu à peu détruit ! Quelle ironie ! Si cruel destin d’un amour clandestin !

 

Lors tu sais enflammer mon être masculin aux coquines outrances, un autre t’aime ailleurs en cœur vainqueur quand je voudrais mourir de mon désir, de nos plaisirs, aux souffles de ta vie, en les replis secrets de ton anatomie,.

 

Hier, cet instant fut si bref, en moi tu rencontras ce bûcheron mal dégrossi lors je suis poète sur ma terre, porte-plume d’ivoire qui bannit le vulgaire, et voilà mon histoire à jamais imprimée sur la soie chamarrée de ta mémoire féline qui me condamne encore à demeurer ainsi, bout de bois qui périt sur l’humus d’un rêve, grume grossière abattue au printemps, couchée dans la pénombre d’un sous-bois de tourments. Oui, il y eut Toi et moi en premier rendez-vous, qui ne te convainc pas, puis tu courrais vers lui éprise de cet amant, et peintre de surcroît, qui te sourit en ce printemps à lui et auquel tu t’offris en un tout autre lit aux charnelles jouissances, te rapprochant de moi pourtant, presque en toute innocence, et toujours un peu plus en dentelles d’esprit, en courtoises avances, te refusant pourtant à mon être incarné en tes désirs de voluptés, brûlant sur mes poèmes sans m’offrir tes envies en fragrances bohèmes, en affolants oublis.

 

Sa main posée sur Toi, tu pensais à mes mots. Étions-nous deux en Toi, ou un seul à la fois ? L’un de corps qui gravait ses transports en ta chair, pour lui promise, de ses licences exquises, l’autre de poésie et susurrant ses vers aux flammes dévoyées, orphelines voluptés, à tes soupirs de chair pour Cythère, mais pour lui refusés. Sensuelles et ardentes, mes licences charnelles inspiraient tant tes nuits où tu te savais seule, et belle, où moi, vigie sous son linceul (Oui, javais suivi, et de loin seulement car tu me la contais, votre idylle.) t’offrais de mon désir le sacrifice ultime de ne pas exulter autrement que sur l’imaginaire de ma si tendre terre privée de tes baisers, de mes expires ultimes.

 

Exhalaisons marines, je planais sur tes flots en romances divines du plaisir le plus chaud, et je me nourrissais de ton haleine intime, incendiaire hétaïre, en solitude bleue… Lors vous vous aimiez, vous, en élans capiteux.

 

L’épreuve fut de taille, je ne m’en remis pas. Et je gis orphelin aux portes de ta voie, de ton mystère féminin qu’il déguste avec Toi, lui, l’homme aux pinceaux de soies. Vos mots à vous, si grisants d'abandons sont de chairs et de sangs, de corps qui s’étreignent, de sens qui s’embrasent pour ’âmes qui s’éprennent, et n'ont nul besoin, hors vos mélopées des sons de vos pensées, de vos calligraphies cursives pour se fondre sans voix en langages d’amour qui s’offrent sans détours. Vous vibrez crescendo d’un regard enfiévré, d’une émotion qui enfle, d’un désir qui naît de vos entrailles feux en effluves lascives, quand moi avec mes mots, pour toi seuls écuyers permis, fruits licencieux de mon imaginaire, je caresse l’éther pour t’embraser l’esprit sans atteindre ta chair où l’amour me bannit de ton tendre adultère qui n’a su me dire « oui », et m’accueille en Cythère en ma seule âme épanouie, lors à mon sang aimant il refuse l’essor.

 

Et je n’ai pas de corps car tu n’as pas d’envie pour lui en ses ardeurs, tu scelles ainsi mon sort quand pour Toi je frémis d’un si profond transport. À lui, l'artiste en privilège, tu penses avec tes sens en outrances d'oublis, ta volupté et ton désir l’encensent, exaltent leurs souvenirs, et tu l'espères toujours en ciel de lit ivre des cris de vos folies qui te font tant languir, en brasiers renaissants de rendez-vous galants, aléatoires pourtant, creusets de vos Désirs, de vos plaisirs puissants. Quand moi je suis racine d’un espoir qui ne veut pas mourir, pétri de mon envie, noueuse ensorceleuse qui attend son soleil, « Toi », ma terre humide qui m’offre de son ciel en lueurs tamisées un seul voile irisé, une brume d’été sans passion canibale, sans communion tantale, sans en cueillir les fleurs sans cesse en éclosions pour parer ta maison, enflammer ta raison, m'inviter à ce ballet nuptial, Graal de mes pulsions, pour y boire ma passion.

 

L’amour n’est pas aveugle, il est juste aveuglant ; et de ma cécité je goûte le ferment de ce chemin de croix que je ne sais quitter. Tu penses à moi, poète madrigal, avec tes mots tantales, avec ton cœur d'apprêts mais sans Désir de sang exaltant cet immanant et souverain Plaisir de jouir en s'aimant, que tu ne sait offrir à ma peau qui soupire, que tu ne sais chérir lors ton peintre, royal en ce tableau... est ton Héraut.



18/05/2021
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