amour-passion-desir-et-poesie

ORAGE

En un geste d’ébauche j’ai ouvert l’écritoire. J’ai regardé mon ciel, il était noir.

J’ai pris ma plume, les mots, ses doux amants délaissaient son sillon, son encre tarissait lorsque pleurait mon cœur sur un vide profond. J’ai regardé le ciel, il pleurait lui aussi, de ses larmes de nuit il martelait ma terre.

Puis le noir s’adoucit pour épouser le gris…

Et ma plume a vibré en mes doigts engourdis par le froid de ma vie. Un mot timide appelait au secours, il hélait ses pairs, prisonnier de doigts gourds qui ne savaient l’entendre pour le calligraphier.

Ils prêtèrent l’oreille… Un écho de détresse résonnait dans leurs cieux. Alors ils approchèrent intrigués, avec prudence lui tendirent leurs mains pour soulager sa solitude sombre aux contours glacés.

Je venais de Te lire !

Ils s’enhardirent alors, se bousculèrent parfois pour offrir à ma voix, à ma plume, à mon cœur, à l’écho, leur pudeur encore en retenue.

Dans le ciel, quelques trouées blanchirent.

Et les mots à présent, écuyers de mon âme devenaient plus pressants, en extirpait le drame pour le noyer sous les ondes de pluie qui persistaient encore.

Puis survint l’accalmie !

En une déchirure humblement apparue, le soleil s’imposait en mille rais joyeux tressant une couronne qui éblouit mes yeux tout embués de nuit, aveuglés par leurs larmes, y retrouvant leur flamme.

Enfin le ciel fut clair, diluant mon chagrin qui pénétrant ma terre nourrissait mon chemin de son parfum amer, sel de Ton mystère.

Alors, c’est le sommeil qui réclamait mon être épuisé par le doute, chahuté par Cythère. Il fut lourd, encombré d’illusion, quand au petit matin renaissait ma passion, de ses craintes habitée.

Qu’importe ! L’orage était passé.

Je revenais Te lire, je venais de t’écrire, mon espoir en inspire.